Quelle incidence d’un SMIC à 1 600 euros sur l’emploi ?

Par

Éric Heyer

Le programme du Nouveau Front Populaire propose d’« augmenter les salaires par le passage du SMIC à 1 600€ net par mois » dans les 15 premiers jours d’un éventuel mandat. Compte tenu du niveau du SMIC actuel (1 398,70 € net par mois), cela correspond à une hausse de 14,4%. Cette hausse ne peut toutefois pas s’apparenter entièrement à un coup de pouce dans la mesure où, à l’aune des dernières prévisions d’inflation de l’Insee, une revalorisation automatique de 2% du Smic serait proposée en août 2024, ramenant le « coup de pouce » à 12,4 %.

Le SMIC, à l’instar des autres salaires, a un statut ambivalent : il peut être considéré comme une variable de demande si l’on se place du côté des salariés mais constitue une variable d’offre pour l’entrepreneur. Par conséquent, une hausse du SMIC correspond à un choc de demande favorable pour les salariés et à un choc d’offre défavorable pour les chefs d’entreprise hors effet des exonérations de cotisations. Dans un contexte de faible diffusion, ces deux effets de sens inverse ne se compensent pas :

Au total, comme le résume le tableau 1, à l’horizon d’1 an, et toutes choses égales par ailleurs, l’effet d’une hausse de 12,4 % du SMIC détruirait 29 000 emplois et dégraderait de 0,3 point de PIB les finances publiques.

Le financement de cette mesure entraînerait des pertes d’emplois supplémentaires : selon le mode de financement retenu, les pertes d’emplois seraient proches de 50 000.